Carmen Australie, France 2023 – 116min.

Critique du film

Benjamin Millepied revisite la célèbre œuvre de Carmen

Emma Raposo
Critique du film: Emma Raposo

Le danseur et chorégraphe français réalise un premier long métrage, une ode à la danse et à l’émotion, prenant racine entre le Mexique et les États-Unis et portée par un duo de jeunes acteurs flamboyant, Paul Mescal et Melissa Barrera.

Après l’assassinat de sa mère, Carmen s’enfuit de son Mexique natal direction les États-Unis. Arrivée à la frontière, des patrouilleurs américains l’interceptent, elle, et les autres fugitifs. Parmi ces patrouilleurs, il y a Aidan (Paul Mescal), un marine tout juste rentré de mission. Alors que l’un de ses collègues fait feu sur les réfugiés mexicains, Aidan sauve la vie de Carmen en abattant ce dernier, laissant la vie sauve à la jeune femme. Ensemble, ils fuient vers Los Angeles où ils se réfugient dans un club de la banlieue tenu par Masilda (Rossy de Palma).

On le connaît mieux sous les casquettes de danseur et chorégraphe. Après avoir été directeur du ballet de l’Opéra de Paris et avoir collaboré avec des réalisateurs de renom tels que Darren Aronofsky, pour qui il a créé les chorégraphies de «Black Swan» en 2010, Benjamin Millepied se mue en cinéaste pour faire parler son amour pour cet art vivant. «Carmen» est donc une célébration de la danse, la danse comme moyen de laisser parler ses émotions à défaut de pouvoir les verbaliser, et de s’affranchir de ses maux.

Et pour un premier film, Benjamin Millepied crée la surprise en livrant une relecture très inspirée du célèbre opéra de Bizet, lui-même adapté de la nouvelle de Prosper Mérimée. Chaque plan de «Carmen» est un tableau, et le film entier est une envolée poétique dramatique déjà emprunt d’une signature très personnelle de son réalisateur. Grandement aidé par la photographie de Jörg Widmer, directeur de la photographie pour «Une vie cachée» (2019) et «The Tree of Life» (2011) de Terrence Malick entre autres, et la musique de Nicholas Britell, compositeur des bandes originales de «Moonlight» (2016) et «Succession» (2018), «Carmen» transcende les émotions en créant son propre langage par le mouvement.

Mais surtout, le film bénéficie d’un tandem d’acteurs magnifique. De peu de mots, le duo s’exprime à travers les gestes. Ensemble, ils forment un couple irrésistible, grâce, d’une part, à la présence de la très belle Melissa Barrera qu’on a pu voir dans les films d’horreur «Scream V» et «Scream VI» , mais surtout grâce à l’exceptionnel Paul Mescal, découvert du grand public dans le récent «Aftersun» ou dans la série «Normal People» (2020). L’acteur irlandais joue la partition d’Aidan, comme à son habitude, tout en retenue, avec une force émotionnelle inouïe. Chacune de ses apparitions sur grand et petit écran fait de lui un des acteurs les plus passionnants de sa génération.

13.06.2023

4.5

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

Eric2017

il y a 1 an

Ce film est surprenant ! À aucun moment je ne me suis ennuyé. Inspiré du célèbre opéra, il ne faudrait pas que ça empêche des spectateurs d'y aller en imaginant que cela va être ennuyeux. La musique est absolument magnifique, la photographie et les plans sont superbes et le scénario est vraiment haletant en tous points. Les trois acteurs principaux sont excellents et de revoir Rossy De Palma c'est un vrai plaisir. À la limite d'être bouleversé à la sortie du film. (G-26.06.23)Voir plus


Autres critiques de films

Vaiana 2

Gladiator II

Conclave

Red One