Vermines France 2023 – 103min.

Critique du film

La petite bête qui monte, qui monte

Critique du film: Maxime Maynard

Arachnophobes, passez votre chemin, «Vermines» arrive sur les écrans ! Et pour son tout premier long métrage, Sébastien Vaniček offre une œuvre stylée et diablement efficace.

Kaleb (Théo Christine) vit avec sa sœur dans une cité de Seine-Saint-Denis. Passionné d’animaux exotiques, il achète une araignée dans une arrière-boutique. Mais, une fois à la maison, la petite bête s’échappe de sa boite. Une araignée en liberté, ça devrait aller, non ? Plusieurs milliers, en revanche, ça pourrait faire des dégâts. Car la créature se multiplie à la vitesse grand V, et alors que les habitants du bâtiment commencent à tomber comme des mouches, la police déclare la quarantaine. Enfermés dans l’immeuble, Kaleb et ses amis vont passer une nuit agitée.

Si Steven Spielberg avait créé un vent de panique sur les plages avec le requin géant de son film «Les Dents de la mer» en 1975, le «natural horror» («horreur naturelle», ou l’utilisation d’antagonistes bestiaux ou végétaux à des fins horrifiques) a connu son lot de ratés particulièrement risibles. Et alors que l’histoire ne fait pas preuve de grande originalité, Il serait bien trop facile de prendre «Vermines» pour un nanar de plus. Mais Sébastien Vaniček possède un talent indéniable et saura habilement raviver un sentiment latent d’arachnophobie chez bon nombre de spectatrices et spectateurs.

C’est au cœur des impressionnantes arènes de Picasso de l’architecte Manuel Núñez Yanowsky que le cinéaste pose ses caméras. Grandiose et écrasante, la structure, aux faux airs de ruche, est spectaculaire à l’écran et devient un personnage à part entière. Dans ses couloirs sombres, Sofia Lesaffre, Jérôme Niel, Lisa Nyarko ou encore Finnegan Oldfield évoluent et se glissent avec plaisir dans la peau de leurs personnages. Mais c’est surtout Théo Christine qui crève l’écran au premier plan avec son rôle de Kaleb. Si les décisions de son personnage sont parfois discutables, son charisme pousse à le soutenir coute que coute.

Lui-même enfant de Seine-Saint-Denis, Sébastien Vaniček cherche à montrer une image des cités différentes des stéréotypes généralement proposés sur les écrans. Ici, l’entraide est quotidienne. Ainsi, après la disparition de leur mère, Kaleb et sa sœur ont pu retrouver dans leur voisinage une famille de substitution. Pour l’aidé à raconter leur histoire, le cinéaste est accompagné de Florent Bernard, scénariste de la série «Bloqués» et spécialiste des comédies. Ensemble, ils offrent un scénario fort, porté par des dialogues marquants et souvent cocasses.

Le tout est superbement mis en scène. Les mouvements sont fluides, les jeux de caméra et de couleur admirables, les rythme toujours marqué. De bons sons rap finissent de donner vie à l’image. Parfaitement sélectionnées, ils accompagnent superbement les moindres instants. Et comme hypnotisé, le public ne peut s’empêcher de hocher la tête en rythme. En bref, «Vermines» est un projet dynamique et rafraîchissant, qui réussit rapidement à faire oublier ses défauts. Alors, n’hésitez pas à vous laisser prendre dans la toile de Sébastien Vaniček, un talent à garder impérativement à l’œil.

17.01.2024

3.5

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 10 mois

“Arachnophobia”

Fasciné par les bestioles exotiques, Kaleb ramène chez lui une araignée achetée au marché noir. Celle-ci échappe vite à sa boîte en carton pour terrasser l’immeuble entier de cette cité parisienne.

Les premières images en plein désert nord-africain rappellent ces préludes étrangers propres au cinéma d’horreur où l’incarnation du mal vengeresse est dérangée. Un groupe de trafiquants sonde les pierres à la recherche de la perle noire. A la vue de fils de soie, le trésor recherché est déterré non sans qu’il ne se défende avec voracité.

Les diverses versions de Spiderman avaient fini par rendre son animal totem plutôt sympathique. Pourtant, il suffit d’une nuée de ces petites bêtes qui montent pour hérisser le poil. Malin, le réalisateur mélange animatroniques et effets numériques à de vraies arachnides, gagnant ainsi en crédibilité. L’invasion commence, car la vermine, bonne mère, se multiplie aussi vite qu’un gremlins. Cela fonctionne un temps avant de sombrer dans l’absurde : le parasite, de plus en plus gros, affronte une voiture. Dedans, un groupe de jeunes comédiens très à son aise dans la tchatche de banlieue, légèrement moins quand il laisse couler les larmes entre deux « ouaich ». Car le titre consciencieusement choisi désigne aussi les habitants de ces quartiers que certains présidents avaient voulu nettoyer au Kärcher. Décor extraordinaire, les Arènes de Picasso à Noisy-le-Grand deviennent un cœur de cible qu’il faut atteindre, voire éliminer. La démonstration s’alourdit lors de l’altercation féroce avec la police. Néanmoins, grâce à un sens efficace de la mise en scène et une troupe engagée, le film tisse sa toile et échappe au nanar présumé qu’il était sur le papier.

(6.5/10)Voir plus

Dernière modification il y a 10 mois


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