Blink Twice Mexique, Etats-Unis 2024 – 103min.

Critique du film

Piégées dans un Paradis toxique

Critique du film: Damien Brodard

Passant pour la première fois derrière la caméra, l’actrice et désormais réalisatrice Zoë Kravitz, que l’on a dernièrement pu voir en Catwoman dans The Batman (2022), met en scène un film de genre aux mécanismes conventionnels et bien connus, tout en l’agrémentant d’un discours pertinent et dans l’air du temps.

Au cours d’une soirée, Frida (Naomi Acki) fait la rencontre de Slater King (Channing Tatum), un milliardaire charmeur qui l’invite elle et son amie Jess (Alia Shawkat) sur son île privée. Entourée des invités de Slater ainsi que d’autres jeunes femmes, Frida profite de flâner dans ce lieu paradisiaque. Pourtant, d’étranges événements viennent bientôt troubler la fête qui s’avère bien plus inquiétante qu’elle n’y paraissait au premier abord. Piégée au Paradis, Frida doit lutter pour sa survie.

Tout semble trop beau pour être vrai : le cadre est idyllique, le champagne coule à flots et les milliardaires semblent plutôt sympathiques. Pourtant, quelque chose cloche… Si Zoë Kravitz démontre qu’elle se débrouille parfaitement dans la mise en valeur d’une île paradisiaque et des fêtes jusqu’au bout de la nuit, on ne peut toutefois pas en dire autant du scénario qui reprend les schémas éculés des films à suspense du même genre. En dépit de belles images et d’un Channing Tatum pertinemment utilisé pour son statut de bellâtre ténébreux, le long-métrage patine dans un préambule qui s’éternise plus que de raison.

Et soudain, quelques effets de montage instaurent un climat étrange, puis Kravitz abat enfin ses cartes pour amener son thriller vers une critique des comportements abjects perpétrés envers les femmes, évoquant aussi bien les milieux toxiques d’Hollywood ou encore l’affaire Epstein. Blink Twice prend alors tout son sens et la réalisatrice lâche les chiens… Dommage qu’il faille d’abord attendre aussi longtemps devant un éventail de séquences divertissantes, mais dont on sent qu’elles cachent un potentiel quelque peu bridé.

26.08.2024

3

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Commentaires

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Eric2017

il y a 1 mois

Ce film est intéressant et l'idée est originale, même si étrnagement ça nous fait penser à la société dans lequel on vit,
La casting est assez bon avec un Chaning Tatum, bon, et qui décidément tourne beaucoup au risque d'y perdre de sa crédibilité. .Au final, je n’ai pas trop aiméar ce film. (F-17.09.24)Voir plus


CineFiliK

il y a 2 mois

“Get out”

Frida profite d’une soirée de gala où elle est censée servir pour approcher maladroitement Slater King, milliardaire de la Tech. Charmé, le bellâtre l’invite sur l’île privée où il s’est retiré. Mais l’endroit de rêve a quelque chose de rance.

Il y a un parfum tenace de Get out en ce rendez-vous romantique qui a tout l’air d’un gros traquenard. La couleur de peau de l’héroïne et de ses nouveaux amis chasseurs n’est cependant pas un sujet. Si Frida devient une proie, c’est parce qu’elle est une femme.

Hélas, Zoé Kravitz n’a pas le talent de Jordan Peele. Si l’on remarque une sensibilité esthétique en ce premier film, l’histoire qu’elle a choisi de raconter est une boursouflure. Il faut d’abord se coltiner une bonne heure durant laquelle les éléments étranges se noient dans la fumette, l’alcool et la MDMA. Si Eve joue au milieu des serpents, on ne la voit jamais croquer la pomme d’Adam. Envoutées par le luxe, la drogue et l’inertie, les cruches demoiselles, oies blanches au milieu des poules, mettent un temps certain à saisir le caractère malaisant de la situation. Quant à ces messieurs, ils incarnent tous la fange la plus crade de la phallocratie. En bref, la vengeance est un plat qui se mange saignant. Mais là encore, le régal mis en scène est indigeste, ni drôle, ni inquiétant. L’envie nous prend de sortir au plus vite ! Quant au message prôné à l’ère #MeToo, il semble confus. Le pardon n’est possible que s’il y a oubli. Sinon, l’ambition de la femme ici décrite est de prendre la place de ses oppresseurs en usant des mêmes malices. A ce rythme, le monde ne tournera jamais rond. Parmi des acteurs oubliés qui méritaient mieux, Channing Tatum incarne le gourou toxique. Fiancé de la réalisatrice, il sait désormais à quoi s’en tenir.

(4/10)Voir plus

Dernière modification il y a 2 mois


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